vendredi, décembre 29, 2006

-INTERVIEW-


[boogiesoliterre]


question:::Je crois que tu étais impliquée avec les gens de People au début?

réponse:::Oui, je suis partie de People, il y a deux ans, et j’ai démarré mon label, Flipside. On allait pas dans la même direction musicale, moi je reste deep house, garage, alors pour ne pas se gêner ça m’a paru la meilleure solution. Je voulais un label dont je serai complètement fière, un caractère spécifique. Et pour ça tu ne peux pas faire de compromis.

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[erikkrug]

question:::Comment expliques-tu cet engouement ?

réponse:::En fait, le disque arrive au bon moment. A mon sens, c'est la deep house en général qui cartonne aujourd'hui. Son heure a enfin sonné. Musicalement, depuis que je joue de la house, j'ai toujours joué de la deep. Mais c'est seulement aujourd'hui que je sens qu'il y a une effervescence autour de ce style. Tu n'as plus besoin de suivre le critère : "Faut que ça cogne". Maintenant, tu peux vraiment jouer des disques agréables, qui se déroulent tout simplement, qui sont vraiment plus mélodieux, plus musicaux. Les gens sont désormais imprégnés par la house. Ils recherchent quelque chose qui s'écoute plus attentivement.

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[rasoul]
réponse:::San Fransisco a pas mal volé la vedette à Chicago ces derniers temps. Existe-t-il une émulation entre les deux villes ?
réponse:J’ai pas mal enregistré des disques pour des labels chicagoans donc je suis bien placé pour te le dire. C’est la ville qui a le plus influencé notre son, si on peut dire qu’il y a un son propre à chaque ville, certainement beaucoup plus que New York. J’adore la deep house mais je ne joue pas beaucoup de voix. Notre deep house est plus atmosphérique, et je crois qu’on se laisse aller à plus de choses. On préfère le côté cru de Chicago au côté un peu endormi, ou trop heureux, de New York.
réponse:::Parles nous de ta compilation en préparation?
réponse:J’ai attendu le bon moment pour la faire, et je pense que ce sera assez spécial. Je vais intercaler dans le mix quelques inédits, des disques aujourd’hui indisponibles : ce sera une définition de mon style. Pas un seul style de house donc, des choses deep, d’autres plus pumping. Je n’aime pas les sets linéaires.

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[kerrichandler]

question:::
Tu es un producteur musicien. Plus producteur que musicien ou l’inverse ?

réponse:::
Le musicien maîtrise plus selon moi son expression. L’humeur du musicien se ressent plus sur un morceau de musique que l’humeur du producteur. Si je joue comme ça (il en profite pour jouer quelquechose, ndr), tu sais que je suis triste, ou comme ça, heureux. La musique, si elle est bien faite, te renvoie exactement à une certaine humeur. Dans la deep house, l’humeur (the mood, ndr) est un élément très important. C’est peut être pour àa qu’on invite beaucoup de musiciens.

question:::
Que penses tu de l’essor de la deep house au delà de Manhattan ?

réponse:::La musique devient vraiment excellente. Tu ne peux plus montrer du doigt certaines villes. Même les mecs d’ici, comme Next Evidence, sont incroyables. Ils savent utiliser leurs machines à bon escient, enregistrer correctement les voix et les instruments, et ils ont la vibe. Aucun problème. Ils m’impressionnent beaucoup.

question:::Comment expliques-tu que la deep house ne recueille pas plus de suffrages. Par rapport au succès disproportionné d’autres musiques noires, comme le r n b ou le hip hop. Surtout chez vous, à New York.

réponse:::Ca tient à la façon dont les gens entendent les choses. Enfin, j’y ai réfléchi, et il y a plusieurs points. D’abord, les gens n’y sont presque jamais exposés, et s’ils n’en entendent pas parler dans la presse ou à la radio, c’est difficile qu’ils aiment. Les médias présentent toujours ce courant, quand ils en parlent, comme d’une musique gay, mais va répéter ça à Todd Terry, il te dira ce qu’il en pense. Et puis, le garage est une musique qui véhicule des émotions, une célébration. Les paroles de ces chansons ne prônent pas la haine, ne parlent pas de gangs ou de revolvers. C’est toujours : je t’aime, je pense à toi, j’aime la musique. Parfois ça parle de moments durs, mais alors avec une note d’espérance. C’est une question de mentalité à l’arrivée. Il se trouve qu’il est beaucoup plus simple de promouvoir la méchanceté, le côté bad boy, qu’un état d’esprit positif. Tu dois aimer plein de styles de musique : soul, latin, gospel, funk, pour apprécier cette musique. Les gens pas assez ouverts n’arrivent pas à s’adapter.

question:::
Question de rhétorique : penses-tu que la jazzy house soit du jazz ?

réponse:::
Honnêtement je pense qu’il s’agit simplement de house, avec une teinte jazz. Tu peux mettre des sons de cartoons en boucle et ça devient de la house, c’est ce que j’adore avec cette musique. Alors je n’adhère pas trop à cette polémique. Une de mes chansons préférées a été réalisée par le groupe Azymuth : c’est du 4 / 4, mais c’est jazz. C’est jazz à cause de la progression. Mon grand père, qui était musicien de jazz professionnel, a ramené une fois Ella Fitzgerald dans mon studio. C’était une dame très âgée, en fauteuil roulant, et, devine quoi, elle adorait la deep house ! Je joue des fois avec le groupe de Count Basie, et lorsqu’ils écoutent mes titres, ils ne sont pas choqués. Le jazz n’est pas forcément en 3 / 4 : c’est une idée erronée.

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[soldiersoftwilight]

question:::
On peut dire qu’il y a, en plus du traditionnel garage new yorkais, une autre forme de house vocale. Dans laquelle dirais-tu que vous vous situez ?

réponse:::Ouais j’appellerai ça deep house vocale, plus soul. A New York, c’est soul mais les nanas viennent toutes du gospel, ce qui change pas mal les choses. Lady Bird a vraiment ce background soul. Et au niveau de la bande son, ce serait plus jazz soul que disco funky parisien, qu’on ne s’y méprenne pas.